En 2021, un patient de l'Oncopole de Toulouse, en rémission d'un cancer de la gorge, est devenu le premier Français à recevoir une dose de vaccin personnalisé conçu spécialement pour renforcer son système immunitaire contre les caractéristiques uniques de sa tumeur. Le but principal était de prévenir une possible rechute, qui se produit dans les 2 à 3 ans suivant le diagnostic, chez environ la moitié des patients atteints de cancers ORL, selon l'oncologue Jean-Pierre Delord.
Deux ans plus tard, dix personnes ont reçu leur vaccin sur mesure conçu par la biotech française Transgene. Le professeur toulousain en charge de cette première étude clinique a annoncé qu'il n'y avait pour le moment aucune rechute ; un résultat prometteur, d'autant que le vaccin est également "très bien toléré" par les patients, à part une petite rougeur inflammatoire locale, habituelle.
Concrètement, le produit est administré à l'aide d'un vecteur viral. C'est le seul aspect classique de ce traitement innovant. Transgene utilise le séquençage ADN et l'intelligence artificielle pour fabriquer les doses individualisées en trois à quatre mois. Hedi Ben Brahim, le directeur général de l'entreprise basée près de Strasbourg, explique qu'avec ce "vaccin thérapeutique, on apprend au système immunitaire comment et où attaquer le cancer de chaque patient". Ce traitement intervient également après la chirurgie et le traitement conventionnel par chimiothérapie ou radiothérapie, ou après la phase de reconstruction et de réparation des dommages causés par ces cancers de la tête et du cou. L'objectif est d'attaquer les dernières cellules cancéreuses qui pourraient échapper aux scanners lors des premières visites de contrôle ou qui auraient migré loin de la tumeur originelle.
Les patients vaccinés sont suivis au moyen d'analyses sanguines régulières afin de s'assurer que leur système immunitaire stimulé est opérationnel et qu'une armée de lymphocytes T, spécifiquement formée, est prête à intervenir à la moindre alerte. L'immunologiste chargée de ce suivi, Maha Ayyoub, assure que "maintenant, on a la conviction qu'on peut protéger les patients, prolonger leur survie et peut-être même les guérir".
Transgene annonce le lancement d'une étude clinique de phase 2 cette année, impliquant davantage de patients.
Sophie de Duiéry
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