Selon l’enquête Ifop–JNA 2017, tous les enfants de plus de 11 ans ont un smartphone et 76% d’entre eux l’utilisent pour l’écoute de musique, sans souci de durée ni d’intensité. Ces expositions sonores s’ajoutent à celles de l’école, pendant leurs trajets quotidiens et même à la maison par le biais des ordinateurs et de la télévision. Les sollicitations sonores sont mêmes parfois présentes de nuit avec le bruit de la rue ou du voisinage, gênant le repos nocturne.
On sait que le système auditif joue le rôle de relai des informations sonores en provenance de l’extérieur vers le cerveau auditif, qui a la charge de décoder les informations. Les cellules sensorielles de l’oreille, lorsqu’elles sont mises à rude épreuve, stressent et transmettent moins nettement les informations au cerveau. En conséquence, celui-ci aura de plus en plus de difficultés à leur donner du sens. Ce phénomène est appelé fatigue auditive et disparaît d’ordinaire après un temps de répit réparateur, notamment une nuit de sommeil dans un environnement sonore calme, qui permet de rétablir les équilibres de pression.
Or, les oreilles de nos enfants ont tendance à être sollicitées sans relâche. Nos modes de vie rendent les temps de répit de plus en plus courts et empêchent le processus de récupération auditive. Chez les enfants, les efforts supplémentaires fréquents imposés aux oreilles finissent par se traduire en nervosité et crispations pouvant modifier la qualité du sommeil et les rendre agressifs. La fatigue auditive peut aussi entraîner la sensation d’avoir besoin de plus d’énergie et l’augmentation de la consommation d’aliments sucrés. Par ailleurs, les capacités de concentration sont amoindries. Les apprentissages deviennent moins efficaces car les informations sonores sont plus difficiles à décrypter.
Au-delà de ces impacts extra-auditifs sur le dynamisme, la santé et les performances scolaires des enfants, les dégâts causés par les sollicitations sonores peuvent être de nature auditive. Ainsi, des cellules sensorielles abîmées entraînent l’apparition de sifflements ou bourdonnements appelés acouphènes. Ce symptôme touche 25% de la population selon l’enquête Ipsos–JNA 2014. Par ailleurs, une pression sonore régulière et continue et les traumatismes ponctuels comme l’écoute de musique avec casque oreillettes, la discothèque ou les concerts, peuvent aussi provoquer une perte d’audition irréversible puisque les cellules auditives s’usent alors qu’elles constituent un capital donné une fois pour toute à la naissance.
Toutefois, il est possible de prévenir les dommages auditifs et d’inverser les impacts extra-auditifs des sollicitations sonores en développant de bonnes pratiques comme la gestion de la durée d’exposition sonore et de son intensité journalière, l’intégration de temps de pauses auditives de 10 à 15 minutes au cours de la matinée et de l’après-midi, et le port de protections lors des activités de loisirs bruyants. Selon les experts ORL de l’association JNA, l’écoute de musique sur smartphone ne devrait pas dépasser 1h par jour à la moitié du volume. En appliquant ces principes, votre enfant ressentira rapidement les effets bénéfiques sur sa forme et sa capacité à retenir ses leçons.
Dès leur plus jeune âge, apprenez à vos enfants qu’il faut prendre soin de son capital auditif, au même titre qu’on prend soin de sa nutrition, de ses dents ou de ses yeux. En cas d’inquiétude au sujet de l’audition de vos enfants, n’hésitez pas à échanger avec votre médecin généraliste et à lui demander une consultation auprès d’un spécialiste ORL pour un bilan auditif complet ; ils seront de bons relais conseils et prévention.
Sébastien LEROY & Arnaud BEAUSSIER |