Selon l’Enquête JNA 2016 « Le smartphone : ami ou ennemi de notre santé auditive ? », 7 jeunes sur 10 écoutent de la musique sur leur smartphone plus d’une heure par jour, essentiellement dans les transports mais aussi dans leur lit. La moitié d’entre eux s’endort d’ailleurs avec.
Cette écoute, souvent à fort volume, s’ajoute aux autres expositions sonores de la journée : dans la rue, les salles de classe, à la cantine, en discothèque ou en concerts… laissant peu de répit aux oreilles. Pourtant, les oreilles sont fragiles et fragilisées par cette sollicitation sonore continue. Elle peut même provoquer une dégradation de l’audition de votre enfant.
Vous trouvez que votre ado est accro et que le smartphone est devenu une source de conflit à la maison ?
Voici quelques éléments d’explication pour remédier à la situation…
Le smartphone procure une formidable liberté d’écoute à nos ados et c’est aussi le premier objet d’émancipation par rapport aux parents et plus largement aux adultes.
Dans cette période particulière qu’est l’adolescence, partager un style musical contribue au sentiment d’appartenance à un groupe de copains
Par ailleurs, l’écoute de la musique au casque est une manière pour l’ado de retrouver un « espace bulle » et de contrôler sa relation aux autres. Il peut être à proximité de vous, dans la même pièce que vous, sans être vraiment avec vous. Il peut aussi écouter les conversations des adultes sans en avoir l’air.
Mais l’effet bulle devient pernicieux lorsque la vie sociale s’appauvrit et que la relation fantasmatique remplace le contact dans la vie réelle. C’est alors que le smartphone et l’écoute de musique peuvent se transformer en doudou toxique. De tels comportements sont bien souvent associés à une durée et à une intensité d’écoute de la musique pouvant fragiliser le système auditif de votre adolescent.
Ceci car l’audition repose sur des mécanismes qui ne permettent ni d’absorber la puissance du son ni sa durée. Nous sommes dotés à la naissance d’un capital de 15 000 cellules sensorielles par oreille. Ces cellules fragiles s’usent naturellement avec l’avancée en âge. De fait, les pratiques actuelles d’écoute de musique, cumulées aux expositions sonores en cours de journée, créent une sur-sollicitation et occasionnent un stress des cellules, qui peuvent être irrémédiablement détruites.
La limite physiologique de notre système auditif est théoriquement située à 80 dB pendant 8 heures d’expositions, ce qui représente l’équivalent du niveau sonore de certains aspirateurs. Le smartphone atteint quant à lui 100 dB à plein volume, soit l’équivalent d’une moto en fonctionnement. Sa durée d’écoute à ce volume ne devrait pas dépasser 7 minutes !
La surdité qui découle des mauvaises pratiques d’écoute de nos ados peut engendrer des difficultés d’apprentissages.
Il est donc nécessaire de réguler les habitudes d’écoute de nos adolescents. Selon les experts, 45 minutes de musique à la moitié du volume est admissible. Il faut également intégrer des temps de répit. Le sommeil pendant la nuit en est un, à condition que l’ambiance sonore ne dépasse pas les 30 dB et que votre adolescent ne s’endorme pas le casque sur les oreilles.
Le choix du casque est aussi important car plus il recouvrira le bruit extérieur, moins votre adolescent augmentera le volume sonore. Pourtant, l’Enquête JNA 2016 « Le smartphone : ami ou ennemi de notre santé auditive ? » révèle que 65% des jeunes écoutent la musique avec des oreillettes classiques. Alors n’hésitez pas à offrir à votre ado un bon casque « recouvrant » et bien évidemment, des protections auditives pour les soirées (vendues en pharmacie et sur internet)
L’éducation à la santé auditive est un enjeu essentiel pour modifier les comportements toxiques de nos enfants. Il est possible d’agir en évitant de mettre notre smartphone et autres matériels sonores (PC, tablettes, vidéo dans la voiture) entre les mains des plus jeunes, en veillant au volume et à la durée d’écoute et en évitant que le mobile soit, dès le plus jeune âge, un palliatif de l’ennui ou une compensation de notre manque de disponibilité. Enfin parmi les bonnes pratiques d’éducation à la santé, un bilan complet de l’audition chez le médecin ORL tous les 5 ans est recommandé pour faire le point sur son capital auditif.
En montrant la voie à suivre, des changements s’opèreront et la santé auditive de nos enfants sera ainsi préservée.
Sébastien LEROY & Nicolas BOURBOIN |