On dit que les allergies sont en constante augmentation. Est-ce exact ?
Dans tous les pays dits développés et même dans les pays émergents, le constat est identique : le nombre de personnes allergiques augmente d’année en année et la tendance s’accélère.
A t-on une idée du volume de cette augmentation ?
Il a doublé en vingt ans. En France, de 25 à 30 % de la population souffre, à des degrés divers, d’allergie, contre à peine 5 % au début des années 1970, et l’âge de survenue des allergies s’étale désormais de la naissance à plus de 80 ans.
Sont-elles toujours les mêmes ?
Les allergiques présentent davantage de manifestations différentes au cours de leurs vies, et ces manifestations deviennent de plus en plus graves. Le nombre de personnes ayant besoin de consulter en urgence a été multiplié par 40 depuis 10 ans.
Et peut-on expliquer pourquoi un tel boom des allergies ?
Les maladies allergiques ont certes une base génétique, mais les modifications rapides de notre mode de vie et de notre environnement, aussi bien extérieur qu’intérieur, peuvent altérer nos gènes et entraîner le développement d’allergies.
Avez-vous un exemple précis ?
Par exemple, l’augmentation de la température et de l’humidité dans nos habitats favorise la multiplication des acariens auxquels nos organismes deviennent ainsi plus sensibles. On note également que notre régime alimentaire « mondialisé » et industrialisé, est composé d’une foule d’aliments et d’ingrédients différents auxquels notre ADN n’est pas adapté.
D’autres facteurs jouent-ils également un rôle ?
On peut citer également des médicaments totalement nouveaux qui sont responsables de certaines allergies spécifiques. La pollution, le tabac, voire l’amélioration de l’hygiène jouent également un rôle, et certainement bien d’autres facteurs encore mal connus.
Que faut-il faire au niveau de la prévention ?
La première chose à faire, c’est de repérer les allergènes potentiels. Il y a les acariens dont les déjections et les poussières des cadavres de ces bestioles invisibles à l’œil nu sont très allergisantes. Mais aussi les pollens qui sont libérés lors des floraisons de graminées, d’arbres ou bien d’herbacées et qui pénètrent de plus en plus dans les voies respiratoires.
Il y en a beaucoup d’autres ?
La liste est longue. Vous avez les moisissures, les poils et les plumes, certains aliments, le latex, les médicaments, les plantes d’appartement, les alliages de métaux...
Que faut-il faire une fois l’allergène en cause identifié ?
Une fois l’allergène identifié (il faut pour cela parfois recourir à des tests cutanés chez un allergologue), le plus efficace est d’éviter d’entrer en contact avec lui. Mais ce n’est pas toujours possible. Dans ce cas, un traitement s’impose pour la crise et si nécessaire pour le fond, variable selon le type d’allergie et sa gravité.
Quels sont ces traitements ?
Cela peut être la prise d’anti-histiminiques, de corticoïdes en crème, spray ou comprimés, de bronchodilatateurs en cas d’asthme. Et la désensibilisation est également possible. Demander pour cela conseil à votre pharmacien.
Didier GALIBERT |